« Un homme effacé » d’Alexandre Postel, éd. Gallimard
« L’or de Quipapá » de Hubert Tézenas, éd. L’écailler
C’est par cette terrible phrase que se termine ce livre dont le héros, Aslak, est ce dernier Lapon désigné dans le titre. Il va donc disparaître, et avec lui, tout un peuple… !
Adeptes d’un culte animiste, les Lapons sont avant tout, d’un point de vue économique, des éleveurs de rennes.
Or, ils vont être en butte à des étrangers qui ne sont pas animés des meilleures intentions du monde : dès le XVIIe siècle, débarquent des protestants violemment prosélytes ; puis, au XXe siècle des entreprises ou des individus que met en appétit le sous – sol lapon. D’abord une société chilienne, Mino Solo, jusqu’en 1983, et, en 2011, un géologue français, un certain Racagnal est de retour – c’est un ancien employé de la société chilienne.
C’est sur ce personnage que l’action va se focaliser : à lui seul, il va figurer l’horreur d’une intrusion violente et destructrice, celle d’un maître qui prétend avoir autorité sur tout. Sur les entrailles d’une Laponie dont le sous – sol regorge d’uranium, sur celles aussi d’une jeune fille, Aila, qu’il a violée en 1983 alors qu’elle n’avait que 15 ans. Quelques années plus tard, Aila devient la femme d’Aslak qui, jusqu’à la fin, va veiller sur elle « comme un saint ».
Terrible analogie – entre cette appropriation et ce viol, entre ce sous – sol et cette matrice – qui permet de rendre sensible l’horreur que représentent cette colonisation et cette acculturation.
Très beau premier roman dans lequel l’auteur incarne les abominations que des êtres humains font subir à d’autres êtres humains, leurs alter ego…, jusqu’à faire disparaître ces derniers.