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Le Télégramme du 8 juin 2019 Jake Hinkson

 Jake Hinkson, la passion du noir

Jake Hinkson a grandi dans une petite ville de l’Arkansas, toile de fond de son 4e roman publié chez Gallmeister et qui sortira en octobre aux États-Unis.

Dans « Au nom du bien », son 4e roman publié chez Gallmeister, l’auteur américain Jake Hinkson éreinte l’Amérique profonde et puritaine. Grand prix de la littérature policière 2018 pour « Sans lendemain » et prix Mystère de la critique 2016 pour « L’enfer de Church Street », il est l’invité du Festival Goéland masqué, ce week-end, à Penmarc’h.

Votre roman « Au nom du bien » nous plonge dans une Amérique ultra-religieuse, prisonnière de ses codes moraux, c’est le milieu dans lequel vous avez été élevé ?

J’ai grandi dans une petite ville de l’Arkansas, comme celle qui est décrite dans le livre. Mon père n’était pas prédicateur mais c’était quelqu’un d’important dans l’église. Mon oncle et mon frère sont pasteurs.

Comment s’en libérer ? Peut-on dire que les films et les romans noirs vous ont en quelque sorte sauvé ?

On m’a damné peut-être (rires). Je pense qu’il est possible de s’échapper mais quelque part, cela reste en vous. J’ai été baptiste et aujourd’hui je suis athée mais une part de vous reste toujours baptiste. Les livres et les films m’ont permis d’élargir mon horizon. J’étais plutôt attiré par le noir mais Judy Garland était aussi importante pour moi. Je n’écris pas sur Judy Garland mais peut-être que je devrais…

Dans votre roman, le prédicateur exerce une toute-puissance sur la communauté des hommes, vous semblez prendre plaisir à le faire tomber de son piédestal ?

Oui beaucoup. C’est un problème l’autorité dans ce pays. J’ai l’impression que la religion, c’est beaucoup une affaire d’autorité. Les prédicateurs parlent au nom de Dieu. Il peut y avoir des gens bien mais parfois aussi des salopards.

Vous dites que les deux obsessions de votre jeunesse ont été la religion et le crime, l’écriture
a été pour vous un moyen de les exorciser ?

Le crime et la religion ont toujours été liés dans mon esprit. La première chose qui est expliquée
dans la Bible c’est comment Caen trucide Abel. La Bible commence par un meurtre. La religion, c’est quand même quelque chose qui parle de transgression, de péché, de gens qui subissent le déluge.

D’une certaine façon, ce que j’écris, c’est ce que j’aurais aimé lire.

Comment êtes-vous venus à l’écriture justement ?

J’ai commencé quand j’étais jeune. Je n’avais pas prévu de faire quelque chose d’autre. Si mes
livres n’existaient pas, je ne sais pas ce que j’aurais fait, peut-être prédicateur (rires). Fabriquer et
raconter des histoires, c’est quelque chose d’un peu sacrilège. C’est une façon de comprendre le
monde et, en même temps, vous le recréer. C’est un peu comme les enfants, ils jouent, font
semblant et ont l’impression qu’ils sont quelqu’un d’autre.

Quel regard portez-vous sur l’Amérique de Trump ? Est-il teinté de noirceur ou y a-t-il des
raisons d’espérer ?

Je me sens très impliqué. C’est une époque sombre en Amérique mais je ne perds jamais espoir. Je
pense que les gens bien vont se faire entendre. Trump est redoutable mais je pense qu’on se
concentre trop sur son personnage. Dans un sens, ce n’est que la traduction de ce qui se passe en
Amérique depuis 40 ans. C’est un type assez bête mais il a compris quelque chose d’important, que
tout ça n’est qu’un show télé. Il sait à qui il fait sa prédication et ce qu’il dit n’est pas nouveau. Il y a
toujours eu, en Amérique, un courant qui disait c’est la faute des migrants, de la gauche. Les
Irlandais, les Italiens, les juifs ont pris, maintenant ce sont les hispaniques.

Pratique

Festival Goéland Masqué, ce week-end, salle cap Caval à Penmarc’h.

Le programme complet sur www.goelandmasque.fr

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