Home / Diapo / Le Télégramme du 7 oct. 2020

Le Télégramme du 7 oct. 2020

Caryl Férey, l’écrivain voyageur au Goéland masqué

Caryl Férey, une figure du roman noir, dont le dernier livre « Paz » paru en 2019 chez Gallimard se déroule en Colombie. (Photo : Francesca Mantovani)

L’auteur de polars Caryl Férey est l’invité d’honneur de ce deuxième retour de marée du Goéland masqué, samedi à Penmarc’h. Entretien avec cet éternel voyageur, dont l’encre noire nous embarque aux quatre coins du monde.

La Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud, l’Argentine, le Chili et la Colombie, vos polars sont à chaque fois un véritable voyage auquel vous donnez une dimension géopolitique, c’est votre moteur en tant qu’écrivain ?

Ce que j’aime c’est le voyage, rencontrer les gens surtout. Si je n’avais pas été écrivain, j’aurais été journaliste. Il y a un travail de journaliste avant même de commencer l’écriture. Toutes les informations qui sont dans mes livres sont exactes et recoupées, sans idéologie a priori, pour que le lecteur, avec des personnages qui l’emmèneront de toutes les façons ailleurs, découvre un pays dans toute sa complexité.

En lisant Ellroy quand j’avais 25 ans, je me suis dit : dans le roman noir on peut faire un panorama hypercomplet d’une situation à travers les personnages.

Dans « Paz » qui se passe en Colombie, vous décrivez des crimes d’une terrible violence, est-ce que c’est la réalité que vous avez vraiment découverte là-bas ?

Cela faisait longtemps que je suivais ce qui se passait dans ce pays mais c’était tellement dangereux dans les années 1990-2000, que tous les gens qui y allaient, pour des projets musicaux ou autres, étaient vraiment confinés chez eux. Quand le processus de paix s’est enclenché en 2016, cela a été le top signal pour moi.

Un peu comme en Afrique du sud, à la fin de l’Apartheid, l’idée était de voir comment les gens réussissaient à vivre ensemble.

C’était la plus vieille guerre civile au monde et la situation est très complexe. C’est pour cela que le livre est gros et qu’il y a plein de personnages pour pouvoir parler de toutes les forces en présence. D’où le choix dès le début de ce meurtre horrible, des faits qui étaient commis à l’époque de la Violencia par les paramilitaires, ce n’était pas faire du gore pour faire du gore mais un prétexte pour parler de cette période-là.

On vous a proposé une destination moins exotique, Norilsk, « la ville la plus pourrie du monde », en Sibérie, c’est la dimension humaine de cette expérience que vous avez retenue ?

Complètement, j’ai une image de la Russie qui est dégradée, avec Poutine, Staline, une histoire que tout le monde connaît. En revanche, le cliché de l’âme slave à travers Kessel ou les auteurs russes, m’a toujours attiré. J’ai eu la chance d’aller dans cette ville totalement incroyable et j’en ai fait un récit de voyage. Mais c’était tellement émouvant que j’en ai fait un roman qui va sortir prochainement.

Dans ce récit, vous dites que vous ne voyagez jamais seul, que voyager seul c’est nul ?

Quand tu voyages seul, ce qui est bien c’est que tu fais des rencontres car les gens viennent vers toi. Mais moi, je suis un peu timide et, surtout, j’aime bien partager. J’ai fait un tour du monde quand j’avais 20 ans, mon frère en a fait un, dix ans plus tard, et moi je suis parti avec un copain. Quand on se revoit 30 ans plus tard, on a trop des blagues sur ce qui nous est arrivé. Quand tu es tout seul et que tu racontes ça à d’autres, ce n’est pas pareil. Souvent aussi, je pars avec des gens, musiciens ou autres, comme ce fut le cas en Argentine, qui peuvent m’aider à nouer d’autres contacts que ceux que j’ai moi-même pris pour mes livres. Et ils t’emmènent dans des lieux plus insolites.

On a déjà hâte de savoir vers quelle destination lointaine votre prochain livre va nous emmener mais la pandémie vous a peut-être freiné dans vos projets ?

Je devais partir en Islande pour une bande dessinée et cela a été reporté. Le prochain polar se déroulera entre le Botswana et la Namibie autour du braconnage des animaux sauvages et j’espère pouvoir aller sur place fin 2021. J’aurais aimé pouvoir traîner avec les rangers, voir comment ils traquent les braconniers. Quand j’étais petit, je voulais être tueur de braconniers et je n’ai pas beaucoup changé. La survie des animaux sauvages, elle est très liée à la nôtre.

Pratique

Deuxième retour de marée du festival international du Goéland Masqué à Penmarc’h, ce samedi à partir de 11 h à la Maison pour tous de Penmarc’h. À 15 h, débat sur le thème « Le roman noir comme littérature d’évasion ? », avec Caryl Férey et Morgan Audic.

Entrée libre.

Check Also

Les Lectures 2022

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.