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Le Télégramme du 5 juin 2019 Pont l’Abbé

Un Dessaint vaut mieux qu’un long discours

Pascal Dessaint, l’un des nombreux auteurs de polars invités ce week-end au Goéland Masqué (photo Franck Alix)

Auteur de polars engagés, notamment sur les enjeux écologiques, Pascal Dessaint partage sa vie entre le nord de la France où il est né en 1964, et Toulouse où il vit aujourd’hui. Deux univers qui nourrissent son inspiration. C’est l’un des cinquante écrivains invités, cette année, au 19e festival international du Goéland Masqué qui se déroulera ce week-end, à Penmarc’h.

Ses romans ont été récompensés par plusieurs prix importants, dont le Grand Prix de la littérature policière, le Grand Prix du roman noir français, le Prix Mystère de la Critique et le Prix Jean-Amila Meckert. Il propose aussi régulièrement des nouvelles et des chroniques « vertes et vagabondes ». Depuis plus de 27 ans, Pascal Dessaint écrit, publie, anime des ateliers d’écriture et sillonne la France à la rencontre de ses lecteurs. Entretien avec un boulimique de travail, un passionné de nature et de rapports humains.

Un type bien, quoi.

C’était comment de grandir à Coudekerque-Branche ?

J’ai grandi dans une cité ouvrière, à une époque où la région connaissait une certaine prospérité, avant que certains cyniques de ce monde décident de tout casser, de fermer des usines, d’en délocaliser et de jeter des milliers de gens dans le désarroi. Ma famille était modeste, mais j’avais des rêves que j’ai pu réaliser. La preuve, je suis là !

Quand avez-vous commencé à vous intéresser à l’écologie et à vous inquiéter pour l’état de notre planète ?

J’ai fait mes premiers pas de naturaliste en 1974, à l’âge de 10 ans, comme ornithologue, dans une région très abîmée, Dunkerque. C’était l’époque de l’Amoco Cadiz, qui a éveillé bien des consciences. En même temps que j’ai découvert la beauté de la nature, j’ai appris à la défendre. Ça explique mes engagements. Dans les années 70, certains d’entre nous étaient déjà informés du réchauffement climatique. On a perdu beaucoup de temps…

Que pensez-vous des Greta Thunberg et autres Luisa Neubauer, ces jeunes pasionarias de l’urgence climatique ?

Elles ont un rôle essentiel, car elles peuvent fédérer de très nombreux jeunes dont dépendra l’avenir de la planète. Ça plaît aux médias et on ne va pas s’en plaindre, si ça sert la bonne cause. Mais il ne faut pas oublier que nous sommes nombreux, depuis plusieurs décennies, à agir dans le même sens, sur le terrain, avec beaucoup de fougue, de désarroi et de folie aussi. J’alertais déjà sur la perte de biodiversité en 1992, dans mon premier roman « Les Paupières de Lou », et en 2003 dans « Mourir n’est peut-être pas la pire des choses ».

Très tôt, vous avez utilisé internet et les réseaux sociaux. C’est un moyen pour vivre de votre plume, malgré les coups de rabots successifs aux droits et revenus des artistes ?

Je n’ai rien inventé. Je me suis simplement adapté… Je ne sais pas si l’impact est toujours probant. Mais ça permet d’exister, dans un contexte éditorial où il y a surproduction. Quant aux coups de rabots, ça semble participer, depuis plusieurs législatures, de la même volonté de faire disparaître les écrivains de métier dans ce pays. Et d’autres mauvais coups sont à venir… C’est désolant. La France n’est plus le pays respectueux des arts et des artistes. Ça a commencé à se dégrader sérieusement sous Jospin.

Ça ressemble à quoi la vie d’un auteur aujourd’hui ?

On serre les dents les années maigres, et on garde la tête froide les bonnes années. On écrit, toujours. La solution est dans l’écriture. Il se passera forcément quelque chose, souvent à un moment imprévisible ! La solution est aussi dans une disponibilité de tous les instants. Il faut être prêt à de nouvelles aventures dont on récoltera les fruits plus tard… Bref, il faut avoir un bon moral !

Vos livres semblent de plus en plus sombres. Qu’est-ce qui vous met en joie ? Quel est votre remède à la mélancolie ?

Des marches dans la nature, que je savoure plus que jamais. C’est là que je me sens vraiment à ma place. Malgré les menaces sur le vivant, ma capacité d’émerveillement est intacte. Je ne sais pas ce que je préfère aujourd’hui, observer un beau papillon ou écrire une bonne phrase… Je suis toujours convaincu de l’un, jamais de l’autre !

Quelle est votre actualité ?

Une exposition de poèmes et de photographies, « De colères et d’amour », qui vient d’être présentée à Arras, et qui maintenant va tourner. Un roman viendra en septembre, « L’horizon qui nous manque », chez Rivages, un livre que j’ai voulu violemment tendre. L’action se situe entre Gravelines et Calais, dans un espace sauvage très singulier. C’est une région où il ne fait pas bon être un animal, ni même un homme. La misère sociale et émotionnelle y est exacerbée.

Pratique Programme complet sur goelandmasque.fr ; site de l’auteur : www.pascaldessaint.fr.

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