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Le Télégramme du 23 mai 2023

Marin Ledun dévoile « Free Queens » au Goéland masqué à Penmarc’h

Auteur de romans policiers, Marin Ledun est un des invités du festival Goéland masqué, du 27 au 29 mai. (Éditions Gallimard – Francesca Mantovani)

L’auteur Marin Ledun est un fidèle du festival Goéland masqué dont la 21e édition se tiendra du samedi 27 au lundi 29 mai, à Penmarc’h. « Free Queens » (Gallimard), son nouveau roman noir, plonge dans les réseaux criminels de la prostitution au Nigeria et ses accointances avec un industriel de la bière.

Après avoir traité de l’industrie du tabac et ses méthodes mafieuses, vous vous attaquez à l’industrie de la bière et ses pratiques plus que douteuses, qu’est-ce qui vous a amené à vous emparer de ces sujets ?

En réalité, c’est un cycle dans mon travail qui a commencé avec un roman intitulé « Les visages écrasés ». Il évoquait, dans le contexte de la crise à France Télécom, les méthodes managériales violentes. Il y a eu ensuite le livre sur l’industrie du tabac et ses pratiques criminelles et là, le projet était de continuer avec l’industrie de la bière, une industrie très puissante au Nigeria. L’idée était de le mettre en perspective avec un formidable mouvement social qui a eu lieu au Nigeria, appelé #End SARS, abondamment commenté sur les réseaux sociaux y compris par les stars de la musique afro-américaine. Il demandait le démantèlement de cette police nigériane, la SARS, qui sous prétexte de lutter contre les réseaux de proxénétisme, a commis des agressions, des viols et des assassinats de prostituées nigérianes, dans cette période très particulière de confinement international.

Pour écrire « Free Queens », vous vous êtes inspiré de faits réels ?

Tout à fait, il y a un livre d’un journaliste hollandais, Olivier van Beemen, intitulé « Heineken en Afrique », où il aborde assez brièvement la façon dont Heineken aurait eu recours à 2 500 prostituées pour vendre une de ses marques mais ce n’est pas un livre sur Heineken.

Cela suppose sur un travail de documentation important, comment avez-vous procédé ?

Je devais me rendre au Nigeria, à Kadouna au nord, là où se passe le roman, mais confinement oblige et avec l’instabilité à cause de Boko Haram, je n’ai pas pu y aller. La documentation s’est faite essentiellement par la lecture journalistique sur les réseaux de proxénétisme et les pratiques des industriels, de la bière ou pas, et aussi sur les réseaux sociaux. Il y a beaucoup de vidéos, de témoignages et un énorme travail fait par des ONG qui luttent contre les violences pour mettre en avant la parole de ces femmes. La chose la plus importante est de me servir de tout ça pour raconter une histoire. Le piège aurait été de raconter des injustices du point de vue de l’écrivain blanc français. Mon propos était de raconter la route de la bière mais aussi tout ce qu’il y a au bord de cette route : les violences policières, ces porteurs de caisse qui essaient de vivre de cette industrie-là, ces écoliers qui vont dans des écoles aux couleurs des marques de bière, la publicité.

Au centre de votre roman, il y a ces associations de femmes qui luttent contre les violences…

Sur les violences faites aux femmes, je n’ai trouvé comme information que celles produites par des ONG souvent créées par des femmes issues des couches favorisées. Dans un pays où le patriarcat est très puissant parce que très religieux, chrétien au nord et musulman au sud, c’est quelque chose de remarquable. La vague Metoo a eu un impact phénoménal au Nigeria et en Afrique. On était dans ce contexte-là et les manifestations étaient mixtes.

Le Goéland masqué est un très beau festival, dans le Top 10 en France.

Vous serez au Goéland masqué, c’est essentiel pour vous ce contact avec les lecteurs ?

C’est un exercice que j’aime beaucoup. Cela m’a manqué pour mon roman « Leur âme au diable ». Le Goéland masqué est un très beau festival, dans le Top 10 en France. Il fait du militantisme culturel. On dédicace mais on va aussi à la rencontre de jeunes lecteurs.

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