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Le Télégramme du 1er juin 2022

Valerio Varesi, auteur italien de polar et invité du Goéland masqué : « La Bretagne me fascine »

L’auteur de polar italien Valerio Varesi, auteur de « La main de Dieu » (Éditions Agullo), sera présent au festival du Goéland Masqué et en rencontre dimanche 5 juin, 15 h, Cap Caval.

« La main de Dieu », le septième roman traduit en français de Valerio Varesi, vient de paraître et il sera l‘un des invités phares du Goéland masqué qui commence samedi à Penmarc’h. Ses œuvres sont déjà des classiques du roman noir italien. Rencontre.

Ce surnom de « Simenon italien » vous convient-il ? Maigret a-t-il inspiré le commissaire Soneri ?

Je suis fier de cette comparaison, pour moi Simenon est l’un des plus grands écrivains du XXe siècle. Avoir ne serait-ce qu’une petite partie en commun avec lui me remplit de joie. Mais le personnage de Soneri est né d’un vrai commissaire que j’ai rencontré dans mes premières années de journaliste.

Quels sont les auteurs de polar qui vous ont influencé ?

Je me retrouve surtout dans les écrivains qui utilisent le roman comme un outil pour enquêter sur notre société. En Italie Sciascia et Scerbanenco, en France Izzo, Manchette et Carrère, aux États-Unis Hammett et Chandler. L’école française, cependant, est peut-être celle qui m’a le plus influencé.

« Je suis un contemplatif qu’on oblige à agir ». Est-ce que vous vous retrouvez dans cette description que Soneri fait de lui-même ?

Absolument. Comme lui, je suis quelqu’un qui observe et réfléchit sur la réalité de manière inductive. Cela me permet de me faire une idée de la façon dont le monde évolue. Soneri procède de la même manière pour résoudre les affaires judiciaires. Mais là où ceux qui réfléchissent ont tendance à se contenter de leurs conclusions, son sens des responsabilités le pousse à prendre des décisions et à agir.

Plaisirs de la table et de la chair sont ses deux principales consolations. Hors d’eux, point de salut ?

Non, il reste convaincu que le monde peut changer pour le mieux et qu‘il faut lutter contre le mal. Mais il est conscient aussi que l’humanité est en partie irrécupérable, comme nous le montre la récente guerre en Europe. Disons que c’est un pessimiste qui n’a pas perdu espoir.

Vous avez étudié la philosophie et été journaliste, pourquoi être devenu écrivain ?

Parce que je pense qu‘on ne peut pas tout raconter avec les outils du journalisme qui sont limités par l’obligation de prouver ce qu’on avance, et les contraintes de la justice. Avec une histoire fictive, vous pouvez raconter ce qui existe mais qui n’est pas démontrable. De plus, la littérature va droit au cœur, tandis que la philosophie vise à convaincre l’esprit.

Votre choix d’écrire des polars engagés dans les années 90 a-t-il été influencé par les opérations « mains propres » et les années Berlusconi ?

Non, même si la plaie de la corruption m‘a affecté. Mais un écrivain est quelqu’un qui observe la réalité et, dans la lignée du noir vu comme un roman social, sa tâche est de montrer au lecteur les mécanismes psychologiques qui produisent ces situations.

« Le travail de l‘écrivain est de montrer la souffrance de ceux qui n’y arrivent pas. »

L‘Italie que vous décrivez est mal en point : corruption, magouilles, dégradation de l’environnement, déclin économique et social, même le climat semble détraqué. La situation est-elle vraiment si noire ?

C‘est en partie une métaphore, mais pas seulement de l’Italie. Si je pense à ce qui se passe aux États-Unis ou en Europe de l’Est, je crois que l’Italie n’est pas dans le pire des mondes possibles. Il y a un pays qui travaille et produit, même dans sa richesse relative, et un autre pays qui souffre beaucoup, au sud notamment. Mais le monde construit sur le libéralisme économique est destiné à accroître les différences entre les gens, certains s’enrichissant et beaucoup s’appauvrissant. Le travail de l‘écrivain est de montrer la souffrance de ceux qui n’y arrivent pas.

Quelle vision avez-vous de la France, et de la Bretagne ?

La France est ma deuxième maison, je suis très heureux ici et j‘ai appris un français élémentaire que j’espère encore améliorer. La Bretagne me fascine, car c’est une région particulière comme le sont les régions italiennes, chacune avec ses particularités.

Pratique

Dimanche 5 juin, à 15 h, à la salle Cap Caval à Penmarc’h, rencontre avec Valerio Varesi, sur le thème « Territoire et politique au cœur du polar ».

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