Hafed

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Comme dans la chanson de Brassens, « Au rendez-vous des bons copains, y avait pas souvent de lapins, quand l’un d’entre eux manquait à bord, c’est qu’il était mort ».

Hafed n’avait pu être des nôtres lors de notre deuxième ouiquende les 30 et 31 janvier derniers car il était hospitalisé. Il est mort hier.

Chaleureux et drôle, d’emblée il vous prenait par le cœur, vous étiez sa nouvelle petite pote.

« Prince des monte-en-l’air et des auteurs du noir,

Cent ans après, coquin de sort, tu nous manqueras encore ».

Marie Penn’Du

 

Pour annoncer son spectacle Erika, Hafed nous avait adressé cette biographie :

« Abd-El-Hafed Benotman est un étranger d’origine française dont le papa, ouvrier maghrébin non émigré d’ailleurs, est monté faire fortune à la capitale Paris de son Algérie natale qui était française à l’époque ; donc il n’a pas immigré comme il se plaît à le dire et redire ! Le petit Hafed tout jeune a pris le goût de la chose écrite et lue, ce qui par la suite a foutu en l’air une prometteuse carrière criminelle. Il a beaucoup écrit dans des résidences d’écriture carcérales offertes par l’Etat, durant 17 années mais en plusieurs fois ; il en a donc, comme de l’alcool, usé avec modération. Né le 3/09/60 et bien que athée, il a purgé dans le désordre de sa vie sa propre date de naissance : 6 ans, 9 ans et 3 ans ! …

Depuis plusieurs années il vit dans une forme de guérilla sociale du fait qu’il n’a ni papiers, ni sécu, ni compte bancaire, ni rien de ces addictions sociales qui font que beaucoup se conduisent comme « personne » pour devenir « quelqu’un« . On pourrait le penser anarchiste et libertaire ; il l’est à sa façon en ayant cofondé le journal l’Envolée (contact[at]lenvolee.net) et en militant contre les enfermements intérieurs comme extérieurs. Il écrit du roman, du théâtre, de la poésie, (des lettres anonymes) des chansons, (des demandes de rançon) des scénarios. Son épitaphe ?  ÇA VALAIT PAS LA PEINE MAIS CA VALAIT LE COUP. »

Abdel Hafed Benotman et le Goéland Masqué

Certains romanciers, même (surtout ?) s’il s’agit d’anciens braqueurs, rendent meilleurs ceux qui les lisent. Certains auteurs par leur talent, leur simplicité, leur joie communicative illuminent les rencontres auxquelles ils participent.

Hafed était les deux et son histoire avec le Goéland Masqué a été celle d’un quinquennat particulièrement riche en promesses tenues. Rarement un auteur a été aussi fidèle à une association.

Tout commence par la découverte dans les sous-sols de la librairie Dialogues à Brest en octobre 2006, du livre « Eboueur sur échafaud » que François Guérif a publié chez Rivages. Livre choc sur la jeunesse de Fafa Bounoura, enfant de l’immigration algérienne. Livre essentiel à conseiller aux élèves de Term L pour leur programme d’Histoire et à utiliser en classe. Auteur à inviter d’urgence au salon du Goéland Masqué. Par chance, l’invité de la 7ème édition en mai 2007 est Jean Hughes Oppel , ami d’Hafed qui me révèle que l’auteur en question est en taule et qu’il faudra attendre sa libération pour le recevoir.

2008, 2009…pour la première fois Hafed au téléphone . Présentations d’usage : Un salon du polar à Penmarc’h (« ???? ») Goéland Masqué (« !!! … c’est une blague frangin mais c’est d’accord , j’t’expliquerai pour l’expédition des billets de train »)

22 Mai 2010 : 10ème salon avec Didier Daeninckx comme invité d’honneur. Parmi les auteurs parisiens qui arrivent au train de 14h46, le plus détonant c’est lui : la casquette en tweed vissée sur le crâne, l’écharpe au cou, le pull et le pantalon de velours pour se protéger des affres du climat breton !

A partir de cette date, les rencontres se multiplieront :

Dès le lendemain, avec Jean-Jacques Reboux, André Fortin et Pierre Hanot, Hafed participe au débat « Justice, prisons : réalité, fiction et roman noir »

Juin 2011, le salon devient festival avec Patrick Raynal . Le mardi 14 juin, Hafed s’embarque pour Ouessant pour une résidence de quinze jours au phare du Créac’h . L’isolement (volontaire cette fois) lui permet d’écrire pour le Goéland la nouvelle « D’île à elle » que notre association publie en 2013.

En 2012, des problèmes de santé l’empêchent de participer au festival mais, les collégiens de Pont l’Abbé l’accueillent pour son livre-jeunesse « Garde à Vie » (Syros). A la fin de l’hiver, au cinéma Eckmühl il présente le film de Leila Kilani « Sur la planche » dont il est l’un des deux coscénaristes.

Du 17 au 20 mai 2013, il revient tout naturellement lors du 13ème festival.

2014, son absence au festival est prévue car il est retenu à la manifestation d’Aubusson mais, dès le mois de janvier il participe au 1er ouiquende d’hiver où, en plus de l’atelier d’écriture, il anime avec Gérard Alle, Jean Bernard Pouy , Patrick Raynal et Marc Villard les Jeux Littéraires Masqués chez Cathy.

2015 : vendredi 30 janvier, 2ème ouiquende du Goéland. Hafed n’est pas à Quimper à l’arrivée du train de Paris, terrassé par un infarctus en gare Montparnasse.

Salut frangin.

Merci.

Roger Hélias président du Goéland Masqué

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