Au Goéland masqué à Penmarc’h, le juge Halfen parle roman noir
Au Goéland masqué, deux auteurs de roman noir, le juge Eric Halfen et l’ancien commissaire de police Pierre Pouchairet ont confronté leurs points de vue. (Le Télégramme/Delphine Tanguy)
L’un, Eric Halfen, s’est illustré en tant que juge anti-corruption dans l’affaire des HLM de Paris. L’autre, Pierre Pouchairet est un ancien commissaire de police. Tous deux sont auteurs de romans noirs et ont confronté leurs points de vue, lors du festival Goéland Masqué.
Dans « La faiblesse du maillon » paru chez Rivage noir en 2020, Eric Halfen, un des auteurs invités, ce dimanche au festival Goéland masqué à Penmarc’h, poursuit les aventures de ses deux héros le juge Bizek et le policier Barth. On est en pleine campagne présidentielle avec un jeune candidat qui émerge. « J’étais candidat aux législatives en 2017. J’ai participé à la campagne de Macron et je l’ai vécue de l’intérieur. Je m’en suis détaché depuis », raconte Eric Halfen qui a voulu, dans ce roman, décrire le monde tel qu’il est. « Dans les romans, le juge est le plus souvent un idiot, qui ne comprend rien alors que le policier est fin psychologue et courageux. J’ai voulu montrer que dans la justice, il y a des personnes qui font bien leur métier », précise-t-il lors de la rencontre, organisée avec l’ancien commissaire Pierre Pouchairet.
« L’enquête judiciaire est avant tout un travail d’équipe »
Auteur d’une série bretonne mettant en scène trois rockeuses quadra célibataires et dont le quatrième roman « Mortels Trafics », prix du Quai des orfèvres 2017, est en cours d’adaptation au cinéma par Olivier Marchal, Pierre Pouchairet se veut, aussi, au plus proche de la réalité. « Mes flics ne sont ni dépressifs, ni alcooliques. Ils arrivent à avoir une vie quasi-normale. Et l’enquête judiciaire, telle que je l’ai connue, est, avant tout, un travail d’équipe », décrit-il.
Tous les deux s’accordent sur le fait que « la qualité des procédures a largement baissé ». « Globalement, on assiste une déliquescence de la fonction publique, de la police, de la justice, de l’enseignement, c’est un vrai problème », estime le juge Halfen. Il modère, cependant, ses propos. « Actuellement, je m’occupe de terrorisme et je vois des flics qui font un travail de terrain énorme », témoigne-t-il, devant des festivaliers toujours curieux de connaître les coulisses du pouvoir et de la justice.