Résultat du Défi Littéraire : Réécrire l’Albatros de Charles Baudelaire en style « ambiance roman noir »
La Plume Noire du Goéland Stylé sera attribuée à Jacques Fourtier pour son texte « L’Aube atroce », et une mention spéciale sera décernée à Yvon Coquil pour « L’Algue atroce », lors des prochains Jeux Littéraires Masqués du Goéland, le samedi 31 janvier 2015 au bistrot « Chez Cathy » à St Guénolé-Penmarc’h.
L’aube atroce
(Jacques Fourtier)
Cette nuit il planait, respirant un air pur,
Au dessus des trafics, à cent lieues des galères.
Ils l’ont viré du trip, le fixent d’un œil dur,
Le manque troue son corps, il n’est plus qu’un loser.
On rit de son malaise, on lui lance des vannes,
L’un sous son nez allume un joint pour le tenter,
Un autre lui présente, opalescente manne,
Une dose de blanche en guise de Léthé.
Ces substances offertes attisent son désir
De retourner là haut dans cet ersatz de ciel,
Dans les nuées éthérées flâner tout à loisir,
Tâter du paradis, fût-il artificiel.
Il est pourtant contraint d’ajourner ce voyage :
Vingt paquets à livrer, ou crever in fine,
Car la pègre le tient, il lui doit ce portage
Et ce deal de truand l’empêche de planer.
L’algue atroce
(Yvon Coquil)
Souvent pour travailler, les cantonniers en rage
Prennent des algues atroces, déchets poisseux et verts,
Sous l’regard méprisant des goélands de passage
Qui survolent Penmarc’h poussant leurs cris amers.
L’employé communal se retrousse les manches,
Il attaque l’ouvrage mais les goélands nombreux
Font un si grand vacarme que le pauvre homme flanche
Et s’en va s’abriter confus et malheureux
Ce voyageur ailé, comme il est fort en gueule
Et il se fout de tout, même des marées vertes.
Pourtant quelques auteurs de polars pas bégueules
Font la cour au goéland et le pleurent s’il déserte
Le polardeux est pareil au goel’ détesté,
Il boit, gueule et reboit et finit par troubler
Notre pauvre employé que, vous le devinez,
Le zèle des goélands empêche de marner.